La politique des ronds dans l'eau, vous connaissez ?

Publié le par Françoise RAMEL-FLAGEUL

Mettre des ronds dans l'eau, c'est ce qui va devenir monnaie courrante à Pontivy Communauté, 125 000 euros par mois versés par le contribuable pour assurer le bon fonctionnement de l'activité du Spadium, nouveau complexe aquatique qui sera inauguré le 1er juin 2013. J'espère que vous aimez nager !

Or il se trouve que certains contribuables, dont je suis, acceptent mal l'idée de n'avoir pas été clairement informés de l'intention qu'avaient les élus du bureau communautaire de considérer ce projet d'équipement neuf comme devant désormais être la seule piscine de Pontivy, alors que de tout temps, nous avions accès à une piscine couverte l'hiver et découverte l'été. Au nom de quoi au juste, ce principe devrait-il être remis en cause ?

Les habitants de Pontivy et des environs qui signent en masse la pétition lancée par l'association Sauvons la plage - déjà plus de 5000 signatures, ne se la font pas conter (compter !). Il y a eu tromperie sur la marchandise et tromperie avérée de surcroît, puisque la soi-disante clause d'exclusivité portée en étandard par le noveau président de Pontivy Communauté pour faire taire dans l'oeuf les éventuelles contestations s'avère être un abus grossier. Ce serait-il lui-même laissé abusé par son prédécesseur ?

Le mouvement de mobilisation ne fait que commencer. Les responsables politiques et techniques de l'intercommunalité comme de la ville de Pontivy seraient bien avisés de prendre rapidement la mesure de ce mécontentement populaire. Cette grogne justifiée témoigne de l'attachement des habitants à leur patrimoine et à une vision non mercantile d'une activité de loisirs, dont chacun sait qu'elle marque pour longtemps les souvenirs, surtout quand on la chance de disposer d'un bassin de taille olympique dans un cadre d'exception aussi remarquable que celui de la Plage.

C'est d'ailleurs particulièrement anachronique d'avoir pu un instant envisager la fermeture de ce lieu populaire, hérité des luttes sociales de 1936, alors même que Pontivy Communauté prétend au label Pays d'art et d'histoire, lequel label incite à valoriser justement les éléments remarquables du XXème siècle. La commission Patrimoine et Tourisme de Pontivy Communauté a-t-elle d'ailleurs eu à émettre un avis sur le sujet ? 

Moi qui siège en tant qu'élue pontivienne à la commission mandaté pour donner un avis consultatif sur les piscines, je puis vous assurer que si nous avons bien discuté du bien fondé de la délégation de service public, d'ailleurs sur des bases que nous avons été plusieurs à contester, tant les informations qui nous étaient commuiquées étaient orientées, nous n'avons jamais entendu parler d'une éventuelle fermeture de la piscine découverte, sans quoi nous n'aurions pas manqué d'alerter nous-mêmes la population, si le bureau communautaire ne jugeait pas utile de le faire.

En fouillant dans mes comptes-rendu de commission, j'ai retrouvé cette information comme quoi le dossier du Pôle aquatique relevait uniquement de la responsabilité du bureau communautaire. Comprenez : circulez, y a rien à voir ! Bureau communautaire présidé alors par Jean-Pierre Le ROCH, maire de Pontivy. Comment le maire d'une ville de 15 000 habitants a-t-il pu être aussi confiant dans sa popularité et convaincu de la suprématie incontestable de ses décisions pour mettre fin, brutalement et à l'insu de tous, à 77 ans d'histoire locale entre une population et un lieu de rencontre estival ?

Quand j'ai interrogé Jean-Pierre Le Roch en conseil communautaire sur l'impact du projet de pôle aquatique sur le devenir de la piscine découverte, - ça remonte à 2010 de mémoire -, il m'a bien répondu sur le fait que la piscine découverte coûtait cher en fonctionnement et qu'elle posait des problèmes d'un point de vue environnemental, mais il n'a jamais été clairement question de sa fermeture. Pourquoi ?

J'ai plusieurs fois adressé à la majorité de la ville de Pontivy des informations concernant des projets exemplaires, portés par d'autres municipalités, considérant justement que la création du Pôle aquatique sous statut privé allait permettre de requalifier la piscine découverte pour en faire un lieu d'excellence exemplaire en matière de développement durable et toujours géré par la collectivité. D'abord parce que socialement, c'est un site qui joue un rôle spécifique majeur dans l'identité de la ville et son histoire, parce qu'économiquement, c'est la piscine qui présente le déficit le moins important des 3 équipements du territoire et qu'il est possible de faire encore mieux en terme d'optimisation du site, enfin parce qu'environnementalement, nous pouvons relever le défi grâce aux nouvelles technologies et élaborer le scénario le mieux à même de projeter Pontivy dans le XXIème siècle, tout en valorisant le caractère insolite de ce patrimoine remarquable.

Si l'association Sauvons la plage décide d'aller plus loin dans son mouvement, faute d'élus à l'écoute d'une argumentation fondée, elle ne manquera pas de soutien, y compris hors de notre territoire, tant ce qui se joue ici est symptômatique d'un disfonctionnement profond de nos institutions locales. La situation telle que dénoncée par ces habitants révèle une traduction de l'intérêt général par les gestionnaires de nos finances publiques qui prête de plus en plus à confusion quant aux intérêts réels défendus par ces personnes ayant reçu mandat pour se porter garant justement de cet intérêt général.

Heureusement que le pontivien veille, en l'occurence Eric SEGUET, à l'initiative du mouvement de contestation citoyenne, qui ne compte pas ses heures pour tirer au clair cette affaire. Tenace, il obtient, certes difficilement, les documents qui permettent de juger sur pièce les décisions effectivement validées par un conseil communautaire qui se laisse de toute façon guidé par les informations que veut bien lui communiquer le bureau communautaire. il informe la population et  tente de faire entendre raison à des élus qui ont bien du mal à reconnaître que la piscine doit tout simplement ouvrir comme d'habitude, parce qu'ils n'ont pas d'arguments valables à opposer à la demande des habitants, sauf à s'accrocher à l'idée que parce qu'ils sont élus, ils ont tous les droits, même celui de passer outre les règles minimales du savoir vivre...ensemble.

 Sauvons-la-plage.png Article du vendredi 24 mai 2013, Pontivy Journal


 

 

 

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